Vague de froid…Sortez couverts!

La vague de froid de cette fin février 2018 me fait repenser à cet article écrit après une Sté Lyon. Que ce soit pour vos vacances au ski ou sorties runnings d’hiver ça peut servir!

 

départ stélyon 2013

Des coureuses et coureurs équipés de la tête aux pieds pour se préparer aux conditions difficiles qui les attendent: une grande distance (75 km), du dénivelé la nuit, le froid (St Etienne au mois de Décembre), sol enneigé et glacé c’est dans cette ambiance qu’a été donné le départ de la SaintéLyonhttp://www.saintelyon.com/ à minuit : est-ce vraiment raisonnable ? Comment faire pour résister à ces conditions difficiles et restés performants ?

A la 1ère question, je répondrai oui.. mais ! Il est évident qu’il ne faut pas prendre ces conditions à la légère mais une fois bien équipés et l’exercice débuté, les risques de gelures ou hypothermiques sont limités. Il faut se rappeler que la machine humaine a un rendement mécanique très faible et que l’effort produit avant tout de la chaleur, ce qui nous arrange bien dans cette ambiance hostile.

En effet, à l’exercice, seule 25% de l’énergie chimique est transformée en énergie mécanique et 75% en chaleur dont 10% stockée et 90% rejetée dans l’environnement (quel gaspillage !). Paradoxalement, il faut veiller à ne pas être trop couverts, pour ne pas gêner le travail de refroidissement corporel par la sueur.

Je disais « oui mais » car l’autre facteur prépondérant qui va jouer sur le risque d’hypothermie, la fatigue physique et/ou gelure est le facteur Vent.

La formule de refroidissement éolien est la suivante :

Rc= 13,12 + 0,6215Tc + (0,3965Tc-11,37)xV0,16

(Tc= température ambiante en Celsius, vkm/h = vitesse du vent)

Oubliez cette formule compliquée qui nous vient de nos amis Canadiens (en matière de froid ils s’y connaissent un tout petit peu)  mais en pratique et par exemple vous comprendrez en lisant sur l’extrait du tableau ci-après qu’une température ambiante de -5°C avec un vent de 15 km/h équivaut à une température de -10°C,  avec un risque de gelures et d’hypothermie.

Tableau de calcul de l’indice de refroidissement éolien Rc  (°C)

Vitesse du vent

Température de l’air ambiant (°C), mesurée sous abri du vent, du soleil et des intempéries

(km/h)

 

 

+10,0

+5,0

−0,0

−5,0

−10,0

−15,0

−20,0

−25,0

−30,0

−35,0

−40,0

−45,0

−50,0

0,0

+10,0

+5,0

−0,0

−5,0

−10,0

−15,0

−20,0

−25,0

−30,0

−35,0

−40,0

−45,0

−50,0

5,0

+9,8

+4,1

−1,6

−7,3

−12,9

−18,6

−24,3

−30,0

−35,6

−41,3

−47,0

−52,6

−58,3

0,0

+8,6

+2,7

−3,3

−9,3

−15,3

−21,2

−27,2

−33,2

−39,2

−45,1

−51,1

−57,1

−63,0

15,0

+7,9

+1,7

−4,4

−10,6

−16,7

−22,9

−29,1

−35,2

−41,4

−47,6

−53,7

−59,9

−66,1

Risques sur la santé selon l’indice de refroidissement Rc (échelle canadienne2)

0,0 < RC


Sans risque de gelures ni d’hypothermie (pour une exposition normale)

−10,0 < RC ≤ 0,0

 

Faible risque de gelures

−28,0 < RC ≤ −10,0

 

Faible risque de gelures et d’hypothermie

−40,0 < RC ≤ −28,0

 

Risque modéré de gelures en 10 à 30 minutes de la peau exposée et d’hypothermie

−48,0 < RC ≤ −40,0

 

Risque élevé de gelures en 5 à 10 minutes de la peau exposée et d’hypothermie

−55,0 < RC ≤ −48,0

 

Risque très élevé de gelures en 2 à 5 minutes sans protection intégrale ni activité

RC ≤ −55,0

 

Danger ! Risque extrêmement élevé de gelures en moins de 2 minutes et d’hypothermie. Rester à l’abri

Donc en plus de la température extérieure, il est indispensable de se renseigner sur la vitesse du vent pour prévoir son équipement avant ce type d’événement. Ceci est valable pour le ski également, où la problématique est accentuée avec l’altitude notamment dès qu’on dépasse 2000m. Ceci est vrai également pour les trails longs en haute montagne, on aura l’occasion d’en rediscuter..

Comment restés performants dans ces conditions ? En dehors de l’équipement une bonne gestion de l’hydratation et de l’alimentation  va être clé. Comme on l’a vu un peu plus  haut, l’altitude n’atteignant pas les 2000m sur cette course, la VMA* des coureurs ne sera pas affectée et n’aura pas de retentissement direct sur la vitesse du coureur.

Coté alimentation, si on veut arriver au bout sans désagrément il est indispensable de :

–        privilégier les boisons de l’effort qui contiennent un mélange de glucides et tout particulièrement les maltodextrines. Les maltodextrines ont l’avantage d’avoir un pouvoir « sucrant » élevé, important par température froide où on a tendance à moins boire.

–        D’augmenter la concentration de glucides des boissons de l’effort jusqu’à 60-80 g/l, encore une fois car on a tendance à moins boire ; les fabricants indiquent généralement les dilutions à respecter selon la température ambiante mais n’hésitez pas à refaire vos calculs.

–        Ne pas dépasser la concentration de 80 g/l de glucide : au risque de se retrouver avec une boisson « hypertonique » et de souffrir de problème digestifs (nausées, diarrhées..) souvent synonyme d’abandon.

–        Utilisez des poches à eau et tubes de camel-back protégés du froid pour éviter que l’eau ne gèle (et oui !) et surtout pour que l’eau ingérée ne soit pas trop froide pour éviter là aussi les désagréments gastriques

–        Encore une fois et au risque de radoter, ne pas attendre la sensation de soif (1% de poids de corps perdu en eau = 10% de perte des capacités physiques) pour boire et au besoin se mettre un « timer » toutes les 20-25 minutes qui vous rappellera qu’il faut boire

–        Profitez des montées pour mastiquer et prendre les barres sucrées ou salées selon les goûts et les envies

–        A chaque prise (quelques gorgées) de boisson de l’effort, prendre quelques gorgées d’eau

–        Profitez des ravitaillements pour boire chaud, thé sucré et ou soupe et évitez le Coca (cf article sur la différence boisson énergétiques/énergisantes) ou à consommer avec parcimonie et prudence (concentration en Glucide +++ associée à la caféine = risque de problème digestif+++)

Sinon attention aux chutes façon Holiday on Ice  et bonne course. Ces conseils sont  tardifs pour la SaintéLyon cette année mais qui peuvent vous aider pour une prochaine course / Ice trail cet hiver ou vos vacances au ski.

 

*La vitesse maximale aérobie ou VMA est la vitesse de course sur piste à partir de laquelle une personne consomme le maximum d’oxygène, c’est-à-dire atteint le VO2Max. En deçà de cette limite, la consommation d’oxygène croît avec l’intensité de l’effort et la plupart de l’énergie provient du métabolisme aérobie. Au-delà, la consommation d’oxygène reste constante et la puissance supplémentaire est assurée par la filière anaérobie lactique1.

La VMA est utilisée en sport, par exemple pour la course à pied. À sa VMA, un sportif peut tenir 4 à 8 minutes2. À ce rythme environ 85 % de l’énergie est produite par le métabolisme aérobie et 15 % provient de la filière anaérobie lactique. C’est la production de protons hydrogène H+ par la filière anaérobie lactique qui diminue la capacité de contraction du muscle par acidose intracellulaire (acidification du milieu interne de la cellule musculaire) et trouble la contraction musculaire

L’hydratation

S’hydrater
verre

L’hydratation c’est la base de l’alimentation du sportif! La grande majorité des sportifs ne boit pas assez:

C’est avant, pendant et après le sport que l’on boit. L’eau est indispensable au bon fonctionnement cellulaire, à la régulation de la température corporelle et à la plupart des processus internes du métabolisme.

Si nous sommes constitués à 60% d’eau, notre organisme n’a pas de réserve hydrique et résiste mal à toute perte. Sportifs, sachez que 1% de perte en eau correspond à 10% de perte des capacités physiques. Un marathonien de 70kg peut voir sa vitesse passer de 14km/h à 11,2 km/h en perdant « simplement » 2%de son poids par mauvaise hydratation et n’arrivera pas à boucler ses 42.2 km en moins de 3h.

Le sportif élimine beaucoup d’eau jusqu’à 1.5l par heure voire plus selon les conditions de température et humidité ambiante et en fonction de la durée et intensité de l’activité pratiquée mais aussi du niveau d’entraînement du sportif..

Ces pertes correspondent principalement à l’évaporation sudorale indispensable à la régulation de la température corporelle.

La perte sudorale à l’effort peut donc aller jusqu’à 10-15 l par jour chez le sportif entraîné qui protège sa température corporelle par la peau et utilise donc la sueur comme régulateur thermique.

Conditions et durée max de l’exercice

Pertes sudorales/h

Sujet entraîné

Sujet Non-entraîné

1 heure  d’entraînement intense

3-4 l

0.8 l

1 heure de compétition

1.5 l

0.5 l

Effort > 5-6 h

1 l

0.3 l

Bref vous l’aurez compris, pour éviter que les sorties soient supérieures aux entrées, et risquer le déficit hydrique, il faut boire !

En pratique :

Avant l’effort : Buvez plus que votre soif, par petites prises, tout au long de la journée avant l’entraînement

Pendant l’activité on n’attend pas d’avoir soif car c’est trop tard. Pour un effort de 1h à 1h30, quelques gorgées d’eau toutes les 20 min suffisent. Au-delà, une boisson de l’effort à apport glucidique est indispensable. La boisson doit être hypo ou isotonique avec un mélange de glucose et fructose..Je détaillerai tout ça dans un prochain article 😉

Après l’effort : il faut compenser les pertes hydriques avec des eaux riches en bicarbonates, donc plutôt les eaux gazeuses.

Pour vous assurer que votre hydratation est correcte vous pouvez lors de vos prochaines séances vous peser avant et après votre activité (nu et vessie vide) et faire les calculs suivants :

Perte de poids (P3)= Poids avant(P1) – Poids après(P2)

le % de déshydratation c’est (P3/P1)*100

Si P3 est >0, c’est que vous êtes déshydraté  et les pertes doivent être compensées 1.5 fois. En clair si avant l’effort vous faisiez 70 kg et que vous ne faites plus que 69 kg, vous devrez boire 1.5l d’eau. (Si vous faites plus de 70kg, c’est que que vous avez dévalisé les ravitaillements d’une course ou que vous avez fait une troisième mi-temps avant de passer à la pesée)

Pour finir quelques conseils pour vous hydrater au quotidien (je parle d’eau bien-sûr)

Au minimum (en dehors de l’entrainement ou compétition):
Au réveil: 1 à 2 verres d’eau
Petit déjeuner: un apport (thé, café, chocolat, jus..)
Matinée: au moins 0.5 l en plusieurs prises
Déjeuner: 2-3 verres
Après-midi: au moins 0.5 l en plusieurs prises
Diner : 2-3 verres
Coucher: 1 ou 2 verres

Tchin, Tchin!